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En conversation

Boucler la boucle

Une entrevue avec Julia Johnson, fondatrice et directrice de la création de Centerpiece, par Chloe Latour.

Photos par Melissa Gamache

Centerpiece est née au moment où nous avons collectivement regardé nos appartements et réalisé qu’il fallait être plus intentionnels avec nos environnements. Les débuts ont été marqués par des collections soigneusement composées, des drops hebdomadaires et des images élégantes, virales, qui ont imposé la marque comme une référence. Près de cinq ans plus tard, Centerpiece est toujours aussi solide, évoluant avec finesse au rythme des changements de comportements des consommateurs – et de Facebook Marketplace. J’ai récemment rencontré la propriétaire Julia Johnson et sa collaboratrice Samantha Jin pour parler de la marque chérie. Nous avons discuté de la première carrière de Julia dans la mode, des débuts de Centerpiece et de son approche presque surnaturelle du sourcing de mobilier.

Chloe: Commençons par le début. Qu’est-ce qui t’a donné envie d’ouvrir Centerpiece?

Julia: Je travaillais en ventes dans la mode depuis longtemps et j’aimais mon travail, mais la partie créative me manquait. Mon patron me demandait de créer du contenu pour la marque, mais je n’étais pas motivée à créer pour quelqu’un d’autre. J’avais ma propre plateforme personnelle où je pouvais publier les choses que j’aimais et ça m’enthousiasmait beaucoup plus.

Je traversais une rupture quand la COVID est arrivée et, pour la première fois, j’avais mon propre espace. Je n’avais pas un gros budget et, à ce moment-là, Facebook Marketplace était rempli de trésors.

Chloe: À l’époque où c’était le paradis des acheteurs, parce que les gens ne savaient pas ce qu’ils vendaient.

Julia: Exactement. On a commencé à trouver de très beaux objets et chaque fois qu’on trouvait quelque chose de pas trop cher, je sentais une montée d’adrénaline. Il y a une espèce de high qui vient avec le fait de dénicher un trésor, tu te sens toute fébrile. Honnêtement, si tu avais vu mes anciens appartements, tu serais surprise que je sois soudainement devenue obsédée par les intérieurs.

Chloe: Plus tu t’exposes à quelque chose, plus ton oeil se forme, évidemment.

Julia: Exactement. Je pouvais entrer dans un bel espace et savoir qu’il était beau, je pouvais l’admirer et l’apprécier, mais pendant cette période, ça a pris un autre niveau.

J’avais pris cet appartement un peu trop tôt, donc je ne pouvais pas vraiment y mettre mes affaires. Mais j’avais vu cette magnifique chaise chez Reixue que je devais absolument avoir, alors je l’ai achetée et pendant un moment, c’était la seule chose dans mon appartement. Tout le reste s’est construit autour de cette pièce. C’est pour ça que la marque s’appelle Centerpiece.

Chloe: C’est ça qui t’a donné envie de lancer la marque? Tu as trouvé cette pièce et tu t’es dit « je veux faire ça moi-même »?

Julia: Ce n’était pas si simple. Même si le fait de trouver tous ces trésors m’excitait, je ne savais pas exactement quoi en faire. Mais j’étais déjà tellement passionnée, alors que rien n’avait encore commencé. Ça m’a redonné l’étincelle qui me manquait, alors je me suis lancée.

Chloe: Bravo.

Julia: Merci. Parfois je trouve que mon histoire d’origine est un peu drôle. J’ai le syndrome de l’imposteur.

Chloe: Pardon, le syndrome de l’imposteur? Tu diriges l’un des resellers vintage les plus reconnus de la ville.

Julia: Non, non, je sais et j’en suis très reconnaissante, mais j’ai l’impression que ça vient naturellement à certaines personnes d’une façon qui n’est pas le cas pour moi. Ce qui m’attire dans le design a beaucoup à voir avec les formes, les couleurs et les textures des pièces. Les designs des années 60 à 90 me parlent énormément, parce que les matériaux étaient de bien meilleure qualité et mieux utilisés. Ils mélangeaient des choses qu’on ne voit plus aujourd’hui avec la production de masse. C’est ce qui m’a d’abord attirée et c’est ce que j’aime encore. Mais c’est aussi pour ça que je ressens ce syndrome de l’imposteur. Je suis attirée par les choses pour des raisons esthétiques plutôt qu’académiques.

Chloe: Mais ce n’est pas une mauvaise chose : tu t’es vraiment formée toi-même, pas parce qu’on t’a appris à aimer quelque chose ou dit que tu devais l’aimer.

Le tout premier drop de Centerpiece, en décembre 2020.

Chloe: Quelles ont été les premières pièces que tu as mises en vente sur la plateforme?

Julia: La première collection était vraiment cute. C’était deux lampes noires sur une table Tulip Rougier laquée noire. On était très fières de nous. Notre premier espace était si petit qu’on ne pouvait pas vendre une pièce à la fois. On a décidé de lancer des collections dès le départ.

Chloe: C’est une belle façon de faire la curation. Ça montre que vous aviez déjà réfléchi au-delà du simple sourcing.

Julia: Exactement. On mélangeait aussi des styles qu’on n’associerait pas naturellement ensemble.

Chloe: Comment ton intérêt pour la mode, ou ton expérience comme créatrice de contenu, influencent-ils ta philosophie pour Centerpiece? Est-ce que les trois coexistent dans ton quotidien?

Julia: Ma façon d’aborder les trois est très similaire. Je crois au stylisme, aux superpositions, puis à l’ajout d’un élément inattendu, que ce soit une ceinture ou quelque chose qui n’a pas sa place à première vue. Mon cerveau fonctionne en couches. J’applique la même approche à Centerpiece. Je pense que c’est l’une des raisons pour lesquelles la marque fonctionne.

Chloe: Tu es l’un des seuls resellers de mobilier vintage apparus pendant la pandémie qui a réellement réussi à se démarquer. Comment as-tu vu le marché du resale évoluer depuis les débuts de Centerpiece?

Julia: Quand on a commencé [pendant la COVID], j’avais l’impression que tout le monde avait la même idée que nous. La seule chose sur laquelle on pouvait dépenser, c’était la maison, parce qu’on y était confinés. On n’allait pas acheter de nouveaux vêtements, on n’allait pas voyager ni aller au restaurant. C’était un excellent moment pour lancer la marque, mais je pense que beaucoup de gens ont cru que c’était plus facile que ça ne l’est en réalité.

Chloe: Pour beaucoup, ça ressemblait à un hobby, donc c’était sans doute facile d’arrêter d’y accorder de l’importance quand c’est devenu plus difficile. Centerpiece semblait, dès le début, portée par beaucoup d’intention et de vision.

Julia: Je ne veux pas minimiser le travail que les autres ont mis dans leurs projets, c’est beaucoup de travail. Nous, on a toujours été très intentionnelles : j’essaie vraiment de créer une marque qui va au-delà du vintage, je veux avoir plusieurs offres.

On a toujours eu des marques [contemporaines] aussi, ça attire une clientèle qui n’est pas nécessairement portée sur le vintage. Et une fois sur Centerpiece, ces gens-là découvrent des choses auxquelles ils ne savaient pas qu’ils seraient sensibles.

Chloe: C’est aussi très malin maintenant que le sourcing sur Facebook Marketplace a tellement changé.

Julia: Oh mon dieu, complètement. Au début, on trouvait quelque chose sur Marketplace, on pouvait sauter dans la voiture, aller la chercher tout de suite parce que c’était parfait, tout près, et tout semblait fun et excitant.

Ce n’est vraiment plus comme ça. C’est difficile quand tu achètes de quelqu’un qui vend son article au prix retail, voire plus cher que mon propre prix retail. Bien sûr, ces gens ont le droit de gagner leur argent, mais souvent le prix est bien plus élevé que la valeur réelle, simplement parce qu’ils voient ce montant sur internet.

Chloe: Absolument. Où trouves-tu tes pièces maintenant?

Julia: Maintenant, j’achète surtout aux enchères, ce qui est très excitant.

La saturation de Facebook Marketplace et du marché du resale m’a rendue beaucoup plus exigeante aussi, et j’aime ça. Je n’achète plus une pièce juste pour acheter quelque chose. J’attends d’avoir cette petite étincelle. C’est plus difficile, mais à long terme, c’est mieux pour la marque.

Chloe: Ça rend ton offre plus pointue. Est-ce que ta manière de sourcer a influencé le style des pièces que vous vendez?

Julia: Bien sûr, le style est toujours en évolution. En ce moment, je suis très dans l’italien. J’inclus toujours des pièces mid-century, des antiquités et des objets de ce genre. C’est agréable de mixer tout ça.

Les designs des années 60 à 90 me parlent vraiment, parce que les matériaux sont de bien meilleure qualité et mieux utilisés. Ils mêlent des choses qu’on ne voit plus maintenant que tout est produit en masse. C’est ce qui m’a attirée au départ et c’est encore ce que j’aime.

Chloe: À part la chaise qui a tout déclenché, as-tu une pièce préférée que tu as sourcée?

Julia: On a eu ces deux armoires Dancer qui étaient vraiment spéciales. Je ne le savais pas au début, mais il n’en existe qu’un exemplaire de chaque. Et les deux autres, l’artiste qui les a créées les possède encore. Je ne dirais pas nécessairement que ce sont mes pièces préférées, mais elles étaient très uniques. Elles étaient tellement amusantes, la forme, les lignes, les couleurs, tout. Découvrir que je possédais deux des quatre seules existantes, c’était fou.

Il y a aussi cette table en verre « squiggle » de Laurel Fyfe, des années 1980. C’est une seule pièce de verre. C’est l’une des toutes premières pièces qu’on a trouvées et je suis incapable de la vendre.

Chloe: Tu t’y es clairement attachée.

Julia: Oh oui, au début c’était terrible. Jade [Moisan, ancienne partenaire d’affaires et cofondatrice de Centerpiece] me disait : « Julia, il faut qu’on vende des choses. »

Chaque nouvelle pièce trouvée me semblait tellement spéciale et singulière, comme si je n’en retrouverais jamais une semblable. Aujourd’hui, je suis beaucoup moins attachée; je sais que je ne reverrai peut-être jamais cette pièce, mais je trouverai autre chose que j’aimerai tout autant.

Chloe: Comment sais-tu qu’une pièce doit faire partie d’une collection Centerpiece?

Julia: C’est vraiment une question de feeling, je peux être dans une pièce et mon regard sera attiré immédiatement vers quelque chose.

Chloe: On dirait presque quelque chose de surnaturel.

Samantha: Julia regarde souvent les pièces comme un ensemble plutôt qu’un objet isolé. Elle a une approche curatoriale du sourcing; elle pense à l’histoire derrière un objet, à la manière dont il prendra place dans l’espace, dans les maisons des autres, à côté d’autres pièces. Elle ne regarde presque jamais les choses seulement pour leur valeur.

Chloe: De quoi es-tu le plus fière avec Centerpiece?

Julia: Je suis fière de beaucoup de choses liées à Centerpiece, mais je suis aussi très dure envers moi-même. Je pense que toute personne qui dirige sa propre entreprise ou qui fait tout presque seule va comprendre. Il y a tellement de hauts et de bas. C’est des montagnes russes, donc parfois je suis super fière de moi, et parfois je me demande honnêtement pourquoi je fais ça.

Je suis fière quand j’entre dans mon studio. Je suis fière d’avoir créé cet espace – il est tellement spécial et beau pour moi.

Samantha: Je dois dire que je suis fière que tu sois aussi fidèle à ta vision. Tu la communiques à travers les pièces que tu achètes et la façon dont tu les assembles. Continuer à affiner ta vision constamment, c’est quelque chose dont il faut être fière. Tu continues de peaufiner et tu n’achètes pas de pièces qui ne brillent pas.

Chloe: C’est effectivement quelque chose dont il faut être très fière.

Julia: Merci, Sam.

Samantha: Avec plaisir.

Chloe: Alors, quelle est la suite pour Centerpiece?

Julia: J’aimerais bâtir davantage une communauté autour de Centerpiece. On veut créer nos propres objets et collaborer avec des gens qui en font déjà. On ne cherche pas à produire notre propre mobilier tout de suite, mais c’est un rêve. Je veux que la marque reste centrée sur le vintage, mais je souhaite diversifier nos marques et développer d’autres divisions. Je pense que mélanger plusieurs choses qui font sens ensemble ne peut que renforcer l’ensemble de Centerpiece.